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L’état de flow, vous connaissez ?


L'idée d'état de flow a été avancée pour la première fois par Mihály Csíkszentmihályi, un professeur et chercheur en psychologie d’origine hongroise ayant émigré aux Etats-Unis. Il peut être assez amusant d’aller demander un de ses ouvrages à la Fnac ou chez son libraire, juste pour voir comment il l'écrit... et si vous arrivez à le prononcer.

Pour mieux concevoir l'état de flow, voici un petit graphique précis bien qu’au coloriage approximatif…

Il est intéressant de se demander, dans toutes les situations de la vie, que ce soit à la maison, à l’école, au travail… où se situe l’activité qu’on est en train de réaliser.

Tout dépend alors du niveau de défi fixé, en fonction de son niveau de compétence, de ses capacités, qu’elles soient vérifiées ou seulement supposées… l’effet Pygmalion n’est jamais bien loin 😉

En gros, plus le niveau de compétence demandé est bas, plus c’est compliqué :

  • Donnez un jouet premier âge à votre enfant de 10 ans et voyez ce qui se passe… au mieux, il y joue un peu, sans plus, mais rapidement, il s’en désintéresse et va voir ailleurs (apathie et ennui, au mieux relax).

  • Ou alors, sans le lui dire, fournissez à un élève un devoir au niveau élevé, (un devoir de terminal à un élève de seconde, par exemple), et vous obtiendrez un joli stress (inquiétude et angoisse). Selon votre niveau de sadisme, libre à vous de lui dire ensuite que le devoir n’était pas de son niveau.

Par contre, avec un niveau de défi proche de ce que peut faire l’enfant, cela devient plus intéressant pour lui, plus croustillant (affut et contrôle). Et comme on se rapproche de sa zone proximale de développement (la ZPD dont on parlera à l’occasion), il a toutes les chances :

  • Soit de renforcer ses compétences, et donc de devenir plus sûr de lui (contrôle),

  • Soit, en entrant en éveil, d’apprendre quelque chose de nouveau et donc d’améliorer ses compétences (ce qui, j’en conçois, revient à la même chose que ci-dessus)

Enfin, en lui proposant un défi suffisamment relevé et demandant un niveau de compétence pointu, on peut aider l’enfant à atteindre un état de concentration très intense, nommé « Etat de Flow ». Le titre de ce billet semble donc bien approprié, même s’il est vrai qu’il aurait pu s’appeler « Etat Relax » ou « Etat Apathique », deux états qui s’avèrent cependant beaucoup moins intéressants en termes d’apprentissage.

Pour revenir à notre sujet, l’état de flow est un état de concentration très intense dans lequel l’individu se sent complètement absorbé par ce qu’il fait. Cet état de concentration est tel que l’on se sent dans sa bulle, parfaitement bien et qu’a priori, rien ne pourra venir perturber cette sensation. On est en train de surfer sur la vague, tranquillement, sans forcer, malgré le risque encouru (le niveau de défi est au maximum) … Tel le funambule, on est sur le fil, prêt à tomber, mais le niveau de compétence permet d’accomplir sans effort le travail demandé. C’est vraiment très cool 😊. D’autant plus que Mihály Csikzsentmihalyi a fait ressortir un certain nombre de caractéristiques fort intéressantes de cet état. Vous les trouverez au chapitre suivant.

Chapitre suivant

Des caractéristiques fort intéressantes

Elles sont au nombre de huit :

1. Des objectifs limpides

En état de flow, on ne se pose plus de question. Les objectifs à atteindre sont clairement visibles et tout s’enchaine parfaitement, étape par étape. Tout coule de source et les contraintes sont facilement acceptées. On sait automatiquement ce qu’il faut faire, action après action.

Il faut bien avouer que ce n’est pas toujours le cas dans la vie de tous les jours, où parfois on sait à quoi on veut arriver, mais on ne sait pas comment faire !

2. Un défi et des compétences en équilibre

Pour que l’activité soit plaisante, il est important que ce qu’on doit faire soit en équilibre avec ce qu’on est capable de faire. Ceci est particulièrement évident dans les sports ou jeux d’opposition : le challenge sera plus relevé face à un adversaire de même niveau. Si l’écart de niveau est trop grand, on se sent soit submergé, soit dans l’ennui.

C’est la même chose pour une activité professionnelle : si on est sous-qualifié, on se sentira stressé, tandis que si on est surqualifié, on s’ennuiera. Par contre, si l’activité offre des défis à notre hauteur, travailler devient un plaisir.

3. Un feedback systématique

Dans le flow, on sait systématiquement où on va. Comme un missile de croisière, on est téléguidé vers l’objectif. Une montagne apparait ? Pas grave ! L’objectif étant toujours en vue, s’il faut faire un détour, on trouvera facilement un autre moyen d’y arriver. Tous les sens sont en éveil et le cerveau fonctionne à fond, sans fatigue. Facile de trouver des solutions dans ce cas et de s’adapter en cas de situation nouvelle.

Pour rappel, le feedback est indispensable, dans toute situation, pour pouvoir ajuster son action. Il n’y a rien de pire que d’agir sans obtenir un retour. On finit alors par être stressé, angoissé, ou bien on sombre dans l’ennui ou l’apathie… au mieux, on devient relax.

4. Hyper-concentration

En état de flow, on se retrouve plongé dans un état de concentration très intense. On peut comparer cet état à une bulle quasiment impénétrable, increvable. Il peut se passer (presque) n’importe quoi autour, on ne s’en rend pas compte. Cette hyperconcentration permet d’être ultra efficace dans ce qu’on fait, de manière toute naturelle.

On pourrait presque comparer cet état à un état d’hypnose, dans lequel on se sent « ultra bien », ultra détendu. On se sent en harmonie avec soi-même, complet, et on ressent alors une énergie spontanée qui nous entraine encore plus loin sur la vague.

5. Des frustrations qui s’effacent

Grâce à l’état d’hyperconcentration décrit ci-dessus, enfermé dans sa bulle, comme un refuge, on oublie temporairement toutes les frustrations de la vie quotidienne : devoirs surveillés, mauvaises notes, rendez-vous parent/prof, factures, disputes, rendez-vous chez le dentiste… (barrer les mentions inutiles)

On se ressource alors, on retrouve du bien-être, de l’énergie, de la fraicheur… pour pouvoir affronter à nouveau la vie quotidienne et ses contraintes.

C’est peut-être ce point qui rend l’état de Flow si important à rechercher car c’est vraiment une aide très chouette dans la vie.

6. Une sensation d’hypermaitrise de soi et de son environnement

En état de flow, on se sent (presque) le maitre du monde, tellement on se sent aligné dans ce qu’on fait. On se sent capable dans cette situation de maitriser sa vie, ses actions, son expérience. Bien sûr, on ne peut pas tout contrôler, et les aléas font partie du défi. C’est justement ce qui rend le flow si précieux. Mais à ce moment-là, on est le chef et on sait ce qu’on fait.

7. Une conscience de soi effacée

Lorsqu’on est dans le flow, on va au-delà de soi. On se dépasse, au propre comme au figuré. On a un sentiment d’accomplissement de soi si fort que l’on se sent dans un état de transcendance. Tout est harmonieux, coule de source et on se sent à sa place et utile au monde.

Ainsi, même après cette « absence » dans son monde, quand on revient sur sa plage, on est fier de ce qu’on a fait. Son estime de soi est ainsi renforcée.

8. Une distorsion de la perception du temps

Enfin, lorsqu’on est en état de flow, on perçoit le temps d’une manière complétement différente. A l’instar de l’ado devant son écran d’ordinateur, les heures deviennent des minutes. On a à peine commencé à travailler que l’on se rend compte qu’il est déjà l’heure d’aller manger ou qu’il fait déjà nuit. Alors qu’on croyait avoir travaillé une petite heure, on a passé la journée absorbé à surfer dans sa bulle.

A l’inverse, il peut arriver que le temps semble ralentir lorsqu’on aborde une tâche compliquée, demandant de nombreuses ressources. Les secondes semblent alors devenir des minutes.

En bref et en état de flow, le temps s’adapte à ce qu’on fait, alors que d’habitude, on se débrouille pour que ce soit le contraire. En état de flow, le temps n’est plus une contrainte et peut même devenir un allier très précieux.

Mais au final, à quoi ça sert ?

D’après Mihály Czikszentmihalyi, le flow, avec tout ce qui le caractérise, est l’état le plus propice au bonheur. L’idée serait donc de chercher à le provoquer le plus souvent possible.

Et là où ça pourrait être intéressant, ça serait d’aider nos enfants à déterminer ce qui les passionne, et à trouver là où ils se sentent bien quand ils le font. Cela pourrait alors devenir un chouette levier pour leur permettre de réaliser les tâches les plus rébarbatives (entre autres : les devoirs à la maison. Je n’ai toujours pas trouvé un enfant qui trouvait l’état de flow au moment de les faire).

Par exemple, un enfant passionné par le dessin, au point d’y passer des heures, pourrait utiliser ce talent pour apprendre ses leçons en les dessinant, non ? Ça joindrait l’utile à l’agréable…

Mais bon… peut-être que je rêve 😉

P.S. : au fait, parmi celles proposées au cours de ce billet, laquelle des orthographes du nom de famille de Mihály est la bonne ? :-)

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